
Les Schémas de Mortalité sur le Mont Everest : Les Pourcentages Clés
L’ascension du mont Everest est une entreprise périlleuse qui attire des alpinistes du monde entier. Une étude portant sur les schémas de mortalité parmi les alpinistes sur une période de 86 ans (1921-2006) met en lumière les risques encourus lors de cette aventure. Sur les 14 138 participants étudiés, composés de 8 030 grimpeurs et 6 108 sherpas, le taux de mortalité global au-dessus du camp de base s’établit à 1,3 %. Ce chiffre souligne le danger inhérent à l'ascension de la plus haute montagne du monde.
Les données révèlent des différences notables entre les grimpeurs et les sherpas. Lors des descentes par les voies standard, les alpinistes présentaient un taux de mortalité significativement plus élevé (2,7 %) par rapport aux sherpas (0,4 %). Cette disparité peut s’expliquer par l’expérience et l’adaptation à l’altitude des sherpas, qui jouent un rôle essentiel dans la sécurité des expéditions.
Un autre point crucial concerne le moment où surviennent la majorité des décès. De 1982 à 2006, 82,3 % des décès d'alpinistes se sont produits lors des tentatives d’atteindre le sommet, soulignant les dangers spécifiques liés à cette phase de l'ascension. Parmi les 94 alpinistes décédés après avoir franchi la barre des 8 000 mètres, plus de la moitié (56 %) ont perdu la vie lors de la descente du sommet, alors que 17 % sont morts après avoir fait demi-tour.
Ces chiffres illustrent la réalité brutale de l'ascension du mont Everest : même pour les alpinistes expérimentés, le risque de mort est omniprésent, surtout lors de la phase critique de la descente.
Les Différentes Causes de Mort : Comprendre l'Étude en Profondeur
L'étude distingue les décès survenus lors de l'ascension de l'Everest en trois catégories principales : les décès traumatiques, les décès non traumatiques, et les disparitions. Chaque type de décès offre un aperçu des différents risques auxquels sont confrontés les alpinistes à des altitudes extrêmes.
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Les Décès Traumatiques : Ils représentent le plus grand nombre de morts, avec 113 cas répertoriés. Ces décès sont souvent causés par des risques objectifs inhérents à l'environnement de haute montagne, tels que les chutes, les avalanches ou les chutes de pierres. Ces dangers sont imprévisibles et peuvent survenir sans avertissement, affectant même les alpinistes les plus expérimentés.
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Les Décès Non Traumatiques : Ce groupe comprend 52 cas, résultant principalement de maladies liées à l'altitude, comme l'œdème cérébral de haute altitude, l'hypothermie, ou encore des morts subites. Ces conditions sont exacerbées par le manque d'oxygène, les températures glaciales, et l'effort physique intense. Les symptômes les plus fréquemment rapportés chez les alpinistes non survivants incluent une fatigue profonde, des troubles cognitifs, et l'ataxie. Ce dernier, caractérisé par une perte de coordination musculaire, peut rendre la descente extrêmement dangereuse.
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Les Disparitions : 27 alpinistes sont comptabilisés dans cette catégorie, où les corps n'ont jamais été retrouvés. Cela suggère des chutes dans des crevasses ou des zones inaccessibles, où les recherches de secours sont souvent impossibles ou trop risquées.
La gravité des symptômes joue un rôle crucial dans l’issue des tentatives d'ascension. L’étude révèle que les alpinistes qui atteignent le sommet plus tard dans la journée (après midi) ont un risque de mortalité plus élevé. Ceux qui parviennent au sommet entre 13h00 et 13h59 sont plus susceptibles de souffrir d'une fatigue profonde et d'un épuisement mental, facteurs déterminants dans leur capacité à effectuer une descente sécuritaire.
Cette analyse démontre que la préparation physique et mentale, ainsi que la gestion du temps, sont essentielles pour maximiser les chances de survie. Les alpinistes doivent être conscients des signes avant-coureurs de maladies liées à l'altitude, car une reconnaissance tardive peut s'avérer fatale.
Comparaison avec d'Autres Montagnes : L'Everest Face aux Autres Sommets
Lorsqu'il s'agit de taux de mortalité, l'Everest se distingue par un risque significativement plus élevé par rapport à d'autres montagnes renommées, même celles escaladées par un nombre important d'alpinistes relativement inexpérimentés. Comparons les statistiques de l'Everest avec celles de quelques autres sommets majeurs :
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Denali (6 194 m, Alaska) : Entre 1903 et 2006, le taux de mortalité parmi les alpinistes du Denali était de 0,03 %. Malgré ses conditions difficiles et son altitude, le Denali présente un risque nettement inférieur à celui de l'Everest. Les alpinistes y font face à des défis comme les températures extrêmement basses et le risque élevé de crevasses, mais la mortalité reste relativement faible.
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Mont Rainier (4 392 m, État de Washington) : Le mont Rainier, avec une altitude moins élevée, a enregistré un taux de mortalité global de 0,02 % entre 1987 et 1996. Bien que le Rainier présente des dangers comme les chutes de pierres, les avalanches et les changements climatiques rapides, son taux de mortalité est bien en dessous de celui de l'Everest.
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Ama Dablam (6 814 m) et Cho Oyu (8 201 m) dans l'Himalaya : Entre 1950 et 2006, ces deux sommets himalayens ont respectivement connu des taux de mortalité de 0,46 % pour l'Ama Dablam et de 0,65 % pour le Cho Oyu. Comme l'Everest, ces montagnes sont escaladées par un grand nombre d'alpinistes relativement inexpérimentés, souvent via des voies standard. Cependant, leurs taux de mortalité restent inférieurs à celui de l'Everest.
La comparaison démontre que l'Everest est intrinsèquement plus dangereux, avec un taux de mortalité bien plus élevé que ces autres montagnes. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette différence. L'altitude extrême de l'Everest, atteignant 8 848 mètres, expose les alpinistes à des niveaux d'oxygène très bas et à des conditions météorologiques extrêmement variables et imprévisibles. Même les alpinistes expérimentés sont confrontés à des défis supplémentaires tels que la « zone de la mort » au-dessus de 8 000 mètres, où le manque d'oxygène et la fatigue extrême rendent chaque étape de l'ascension et de la descente incroyablement périlleuse.
Ainsi, même en tenant compte du fait que ces montagnes attirent des populations similaires d'alpinistes, l'Everest présente un risque de mortalité plus élevé. Cela souligne la nécessité d'une préparation rigoureuse, d'une expérience préalable en haute montagne et d'une vigilance constante face aux conditions météorologiques et aux symptômes de maladies liées à l'altitude pour ceux qui envisagent de tenter l'ascension du plus haut sommet du monde.
Conclusion : Les Risques et la Réalité Mortelle de l'Ascension de l'Everest
L'ascension du mont Everest demeure l'un des défis les plus périlleux du monde de l'alpinisme, avec un taux de mortalité de 1,3 % pour les alpinistes au-dessus du camp de base. Cette étude approfondie des décès survenus entre 1921 et 2006 met en évidence les nombreux dangers auxquels sont confrontés ceux qui s'aventurent sur ses pentes escarpées.
Les causes de mortalité sont variées, allant des risques traumatiques, tels que les chutes et les avalanches, aux maladies liées à l'altitude, comme l'œdème cérébral et l'hypothermie. Les sherpas, malgré leur expertise et leur adaptation à l'altitude, ne sont pas totalement à l'abri de ces dangers, bien que leur taux de mortalité soit nettement inférieur à celui des alpinistes. Cette différence souligne l'importance de l'expérience et de l'acclimatation dans la réduction des risques.
Un point particulièrement alarmant est que la majorité des décès (82,3 %) se produisent lors de la tentative d'atteindre le sommet, avec un nombre significatif survenant pendant la descente. La fatigue profonde, les troubles cognitifs, et l'ataxie sont des signes avant-coureurs souvent observés chez les alpinistes qui ne survivent pas. L'heure d'arrivée au sommet s'avère également cruciale : les alpinistes qui atteignent le sommet plus tard dans la journée ont un risque de mortalité plus élevé, probablement en raison de l'épuisement et de l'exposition prolongée à des conditions extrêmes.
En résumé, l'Everest reste une montagne où chaque décision peut avoir des conséquences fatales. La préparation, la vigilance face aux symptômes de maladies liées à l'altitude, et une gestion stricte du temps d'ascension sont essentielles pour minimiser les risques. Malgré les avancées technologiques et la connaissance accrue des dangers, l'Everest rappelle que la nature impose toujours ses propres règles, souvent implacables.
Crédits :
Paul G Firth, anaesthetist,
Hui Zheng, statisticial,
Jeremy S Windsor, specialist registrar in anaesthetics and intensive care,
Andrew I Sutherland, Wellcome research training fellow,
Christopher H Imray, vascular surgeon,
G W K Moore, professor,
John L Semple, professo,
Robert C Roach, associate professor,
Richard A Salisbury, computer analyst
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